La quête de la réalité fait partie des questions
fondamentales de notre époque. Le réel existe-t-il vraiment,
s’interroge l’homme de bon sens au courant des idées maîtresses
de la Connaissance ? Les explorations de la matière, vers l’infiniment
grand et l’infiniment petit, ont fait basculer ses certitudes sur 2 et
2 font quatre, et un chat n’est plus un chat, car rien n’est plus faux,
paraît-il, que l’évidence : la chaise sur laquelle vous êtes
assise ou assis (le sexe, réalité relative, n’est pas évident)
est pleine de vide, d’atomes aux électrons tellement minuscules
par rapport au volume qu’ils occupent qu’on se demande comment une personne
assise, ou audacieuse jusqu'à se tenir debout, ne se casse pas la
figure... tout à coup, ainsi que les conceptions modernes sur la
réalité, le bon sens, l’évidence, nous ont amenés
à le craindre ... l’espérer, selon les personnes.
En réalité (si la réalité n’existe pas,
le mot existe), il faut départager ceux qui croient en une réalité
unique, ultime et absolue, ceux pour qui il n’y a pas de réalité
du tout, et ceux qui prennent la réalité comme un puzzle
en morceaux épars, sans figure directrice. A nous de la trouver.
Cachée au fond du puits de nos illusions, elle est supposée
décelable par les expérimentations et les mathématiques,
entre autres moyens de reconstitution et de désenchantement. Si
les convaincus du tout-illusion ne doutent pas des leurs, avec le R.E.T.
et le S.O.R.I. il nous faut admettre des réalités variables
et invariables en constante transformation selon le niveau informé
et le niveau de l’information.
Autour du mensonge, les adjectifs - quelques-uns mensongers - foisonnent. Le mensonge est pieux, intéressé, gros, petit, nécessaire, vital, scandaleux, criminel, excusable, impardonnable, beau, laid. Autour du mensonge, il y a aussi les mots qui y conduisent ou l’interdisent. Se tromper n’est pas mentir, mais dans tromper il y a tromperie. On sait que l’erreur n’est pas mensonge à condition d’avoir des preuves de bonne foi, ce qui pose problème, provoque des discussions, des débats, des procès, des guerres... car Erreur ne fait pas compte.
Dans les situations extrêmes, là où on ne peut pas jouer sur les mots, l’erreur est assimilée au mensonge à exclure d’une opération qui ne supporte aucun échec, aucun risque qu’entraînent les définitions ambiguës. Lorsque vous entendrez, Aucune erreur ne sera tolérée, vous saurez que l’erreur est assimilée à un mensonge dont on ne veut pas savoir, pour des raisons d’efficacité, s’il est excusable, généreux, gros, beau ou laid.. Pourquoi ne dit-on pas, dans les situations où il faut impérativement ne pas échouer : aucun mensonge ne sera toléré? Probablement, parce que l’erreur est un mensonge des référentiels Objet-Relation et que les référentiels ne se font pas de cadeaux entre eux.
L’école de Palo Alto (2), contourne le Sujet menteur et l’Objet erreur, avec l’expression élégante d’invention de la réalité. Au lieu de traiter un menteur de menteur, il est plus courtois, presque flatteur, de l’élever au rang d’inventeur de la réalité et rehausser ainsi le genre humain, terriblement doué en invention..
L’un des articles du collectif, Etre sain dans un environnement malade (David L.Rosenhan) m’a beaucoup amusé. Il traite d’une expérience originale sur les étiquettes psychiatriques dont les astrologues sont particulièrement friands lorsqu’ils parlent de leurs « confrères » ou dans le dos des consultants : paranoïa, schizophrénie, psychose maniaco-dépressive... vocabulaire interdit chez les conditionalistes. Pour tester la valeur objective - donc, d’une relation avec la réalité - des diagnostics des professionnels, étudiants et enseignants (ne parlons pas de ceux des astrologues) en psychiatrie, des expérimentateurs ont informé la direction d’un hôpital que, durant trois mois, des faux patients allaient se présenter au bureau des admissions et que, pour détecter les fraudeurs, tout le personnel aurait à observer les comportements des pensionnaires de l’établissement, vrais et faux "malades" confondus.
De la première: en réalité, aucun faux patient
ne se présenta à l’hôpital durant cette période...
il nous vient naturellement à l’esprit d’observer que le succès
de l’expérience découle d’un gros mensonge. C’est le
triomphe démontré de la puissance du mensonge. Le personnel
hospitalier a de quoi s’indigner : comment ne pas se tromper quand on
vous trompe? On voit également à l’œuvre la complicité
du mensonge et du court terme. Le délai de quelques mois pour juger
de la santé mentale d’un vrai ou faux patient est court, trop court.
Selon la logique du R.E.T. il est possible qu’avec les informations supplémentaires
qu’apporte le moyen ou le long terme, l’artifice aurait été
pressenti ou éventé.
Le long terme se réclame souvent d’une vérité
implacable contre les vanités du court terme. Quelle que soit la
nature de ses propres mensonges et erreurs lorsqu’il se coupe des autres
instances temporelles, le long terme sermonne le présent. Les religions,
les idéologies politiques ou scientistes, à base de grandes
projections dans un avenir meilleur, prétendent conduire à
leurs paradis non pas du fait de leurs moyens immédiats, mais parce
qu’ils possèdent la seule vérité-réalité
possible. Un long terme simplifié en absolu instantané, rend
son message douteux : A beau mentir qui vient de loin...
Notre époque, abondante en fieffés menteurs s’est coupée des espérances régulatrices du long terme : combien sommes-nous à croire au Progrès, au Paradis, à tout ira mieux demain ? Ne plus avoir de futur stimulant, envisageable, c’est ouvrir les vannes aux opportunités du moment. L’impatience va vite. On prend ce qui est à prendre dans l’instant au risque de tout perdre. Aucune importance puisqu’il n’y a plus de paradis à gagner, et l’oiseau qui saisit l’appât qui le tue, ne pense pas à la mort mais à la vie: il a faim. Mangeons d’abord.
J’appelle mensonge par court terme, la tromperie qu’entraîne la vitesse, l’impatience, le manque de temps. Les psychiatres, le personnel hospitalier trompé par le Professeur L.Rosenhan sont des oiseaux excusables. A notre époque d’accélération de la faim et des appétits, est-il possible de prendre du recul sur l’apparence, la mode et l’actualité ? On n’a pas le temps de reculer, et le mensonge est devenu payant, parce que s’occuper du vrai ou du faux prend trop de temps. Question d’économie : autant croire la mode, le présent, l’actualité et le mensonge.
Dans la fraternelle communauté des astrologues psy anti-signal, les conditionalistes sont ouvertement ou discrètement accusé de sectarisme, de scientisme intolérant, d’anti-symbolisme iconoclaste. Nos confrères n’ont pas le temps de se documenter sur les causes et les sources de ces imputations, mais ils ont toujours celui de leur donner suite. Tout simplement pour parer au plus pressé : discréditer une école irritante. Sinon, il faudrait consulter des archives, s’embêter avec des problèmes de vérité, consulter des dossiers, fouiller, dépoussiérer le long terme, alors qu’en renvoyant tout le monde dos à dos, on est à la mode bouddhiste, tendance Ponce Pilate.
La calomnie circule bien sous le manteau. Par contre, en dehors des associations conditionalistes, il faut ramer pour apprendre que le zodiaque réflexologique (noologique est plus exact) est la seule démonstration mathématique, cohérente et rationnelle de la réalité des Signes... réalité indirectement découverte par I.P.Pavlov. Il faut lire beaucoup aussi pour comprendre l’importance de la relation démontrée par mes soins entre les orbites principales du système solaire et certains niveaux d’énergie de l’atome d’hydrogène... ce qui ne revient pas à réduire les planètes à des électrons comme un auteur expéditif l’insinue à ses lecteurs pour toute critique.
Un communiqué me concernant, écrit dans un style de charretier, a été diffusé, paraît-il par erreur, sur le papier fax de la revue URANIA (le nom est écrit dessus). La rédactrice en chef a trouvé le temps de refuser ma réponse, elle n’a pas eu une minute à elle pour s’excuser du fax de son collaborateur fauteur... et auteur d’une Lettre où il me présente comme un paranoïaque, voleur des dates de naissances qu’il a collectées, certifiées de l’Etat-Civil, dont il se juge le propriétaire, revendeur à prix fort... alors que l’infâme COMAC casse les prix. Un document public (extrait d’Etat-Civil) n’a pas de propriétaire. Si ce revendicateur persiste dans ses élucubrations justicières, je ferais en sorte que la question du droit de propriété exclusive et de revente qu’il s’arroge soit posée à la Chambre des Députés.
D’URANIA, et de proche en proche, sans aller bien loin, on ne sera pas surpris de retrouver le coucou-pilleur du R.E.T. Parti d’Hadès pour tomber dans les bras de Barbault - c’est dire le chemin parcouru -, il proclame la liberté de manipuler le R.E.T., en faire du hachis si çà lui plaît, car le R.E.T. inscrit dans le système solaire est à tout le monde... donc à lui, pas à moi. Ici se poserait la question de savoir si le R.E.T. est une découverte, une invention réelle ou une invention de la réalité. Si elle n’était pas posée par un coucou barboteur, je ne la soulèverai pas.
Aux critiques qui présentent le R.E.T. comme un système
(une toile d’araignée) philosophique ni plus ni moins intéressant
qu’un autre, il m’est arrivé de rétorquer que ce système-là
avait pour se défendre la dimension non négligeable du système
solaire.
Lorsqu’il n’y a pas à batailler mais à comprendre, je
fais du R.E.T. le produit du Logoscope, matrice-mère, instrument
de base dont j’ai montré avec insistance et sans en avoir terminé,
la relation avec les exponentielles et les hyperboles (ces fonctions sont
liées). Le R.E.T. n’est pas né du système solaire
mais de la branche d’hyperbole publiée par Lecomte du Noüy
(4) dans son ouvrage Le Temps et la Vie, et c’est l’analyse de ma
démarche, autant que de son support, l’hyperbole, qui m’a conduit
à découvrir que j’avais inventé un instrument : le
Logoscope. Je n’ai pas fini de m’en servir. Logo vient de la racine grecque
logos,
discours, raison, compte, proportion. Scope, de skopein, observer,
entre dans les mots qui désignent un instrument d’observation. Le
néologisme que j’ai forgé et non pas découvert, le
Logoscope, désigne parfaitement un outil conceptuel qui permet
de voir, observer, analyser, un discours, un compte, une proportion.
Son originalité, par rapport aux concepts philosophiques auxquels
on l’oppose pour le banaliser, est de se fonder sur une figure, l’hyperbole,
qui est peut-être la meilleure représentation géométrique,
algébrique, symbolique, de l’universalité que les physiciens
recherchent dans le champ unique des différentes forces de l’univers.
Je n’ai pas inventé l’hyperbole. Ses manifestations communes
au vivant et au non-vivant existent depuis des millénaires; j’en
ai fait un outil. Comme on fait des lunettes avec du verre et les
lois de l’optique, le verre n’étant pas une création humaine
(rien ne sort du néant), mes lunettes sont à tout le monde.
Voilà le genre de sottise à laquelle on aboutit par les chemins
du mensonge et de la provocation.
Je n’ai jamais interdit l’utilisation du R.E.T. Jean Billon s’en sert pour organiser les significations des astéroïdes, Christophe de Cène m’a déclaré avoir écrit ses fiches d’interprétation à partir du modèle R.E.T. , beaucoup d’astrologues l’enseignent, et je n’ai pas l’intention d’impor-tuner ceux qui respectent la propriété intellectuelle et la réalité d’un outil qui a déjà fait ses preuves. Par contre, il n’est pas question de le désarticuler et le séparer du Logoscope, le réduire à ses mensonges pour poser au rénovateur du novateur. Ceux qui aspirent à changer l’instrument, devront faire mieux que détruire celui qui existe. S’il est protégé, il l’est, en priorité, d’un milieu qui, sous couvert d’anti-sectarisme, déforme, élimine ou minimise le bilan de la recherche conditionaliste. L’article qui suit, de Patrick Le Guen ("Une évolution annuelle déjà connue"), figure parmi les derniers exemples édifiants.
Jean-Pierre Nicola
1. Eléments de Cosmogonie. COMAC. 1992.
2. Voir Article sur cette Ecole dans le Grand dictionnaire de
la psychologie. Collectif. Larousse. 1991.
3. L’invention de la réalité. Collectif.
Seuil. 1991.
4. Anthologie Astrologique 1980-86. COMAC. 1993.
5. Le nouvel esprit scientifique. Gaston Bachelard. PUF.
1971.